Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/62

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plus malheureux et moins tôt consolé qu’un autre. Autant passer sous silence une tentative de suicide qui échoua, fut ridicule par conséquent et que j’eus le courage ou la lâcheté de ne pas renouveler. Mes facultés avaient fléchi, ma santé s’étiolait, mais je vécus, — je vécus avec une idée fixe qui côtoyait la folie ; le monde avait sombré, disparu.

Les six mois qui suivirent me semblent de loin, quand je m’y reporte, avoir passé avec une rapidité invraisemblable ; cela vient, autant que je puis m’en rendre compte, de ce qu’ils ne furent marqués d’aucun événement, et qu’un même thème vibra sans cesse dans mon esprit. Je ne sortis pas, je ne vis personne, je laissai couler le temps sans m’apercevoir même du changement des saisons. Mon plaisir était de me couvrir des habits de