Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une complète solitude et une entière liberté, régnait sur des fleurs, des poules et une maritorne bourguignonne.

Je ne sais quel prétexte futile l’avait amenée, le matin que je la rencontrai dans le parc, examinant tout avec des ébahissements de jeune sauvage. Elle cueillait, j’imagine, pour ses oiseaux, des graminées introuvables ailleurs. Ma vue ne l’effaroucha nullement, car le trait principal de ce caractère dont je connus depuis toutes les nuances adorables, était la confiance : confiance en la bonté de Dieu, confiance dans la bonté des hommes, ni l’une ni l’autre ne lui ayant jamais fait défaut ; aussi avait-elle toute seule, avec une hardiesse qui n’était pas dans sa frêle nature, affronté les périls d’un long voyage en mer ; toute seule et la main affectueusement ouverte, elle s’était