Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/68

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l’heure accoutumée de sa visite, et sous une apparence de badinage, je lui adressai le reproche sérieux de trop égayer la maison. Mon existence, constamment emportée naguère vers les régions immatérielles, où il semblait qu’une partie de moi-même eût suivi Gérard, retombait doucement sur la terre et s’y trouvait bien. Je recommençais à marcher dans la voie humaine sans y rencontrer les mêmes épines. Étais-je capable, moi aussi, d’oublier, d’arriver à la honteuse philosophie de l’égoïsme ? Non, ce n’était pas l’égoïsme, mais une nouvelle affection qui s’insinuait et comblait le vide à mon insu.

— Voulez-vous donc rendre mon frère jaloux ? disais-je à Jane.

— Ma mère a bien d’autres sujets de jalousie contre vous, me répondit-elle avec le