Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/67

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fois languissante et enfantine. Je m’habituai peu à peu à la voir dans un coin de la bibliothèque, le dimanche, son Nouveau Testament sur les genoux. Insensiblement je lui permis de me rendre mille petits services d’obligeance. Je trouvai un parfum particulier au bouquet de violettes que chaque matin elle déposait sur la table de travail — à l’intention de son oncle ou à la mienne ? — je n’en sus jamais rien. Mes livres, mes papiers étaient en ordre ; cette prévoyance féminine que rien ne remplace, réglait et charmait tout autour de moi. Jane ne paraissait ni me plaindre ni même s’apercevoir que je ne fusse pas un homme semblable aux autres, mais elle s’était mise avec une merveilleuse intelligence à étudier le langage des muets. Enfin je me surpris un jour, impatient, devant la pendule, à