Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/74

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monde ; personne ne paraissait me reconnaître. J’avais sans doute beaucoup vieilli, et pourtant, depuis le jour où j’étais entré dans ce même faubourg, au bras de Furey qui me ramenait à la maison paternelle, mon cœur n’avait jamais eu de battements si jeunes, on eût dit que l’espérance le faisait bondir dans ma poitrine ; brusquement il s’arrêta. J’étais devant sa maison, et elle accourait à ma rencontre avec une expression si radieuse sur son transparent visage, que le souvenir d’une autre bienvenue, la première, la seule qu’on m’eût faite, en fut évoqué, comme si Gérard eût voulu s’associer encore à ma joie.

Cette petite maison, ancienne dépendance du château, n’est extérieurement qu’une masure depuis longtemps abandonnée, qu’entoure un arpent de terre planté d’arbres à