Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme des étoiles sur le fond ténébreux de mon passé ! Les livres d’histoire, de voyages surtout, étaient lus avec passion ; elle s’exalta pour la botanique. Quant aux romans, ils l’ennuyaient. Pourtant je me souviens encore des larmes brûlantes qui tombèrent sur mes doigts, tandis que par-dessus mon épaule elle lisait la Chaumière indienne, ou Atala. De sa part, aucune timidité, aucune réserve, rien de ce qui eût pu me rappeler qu’elle était femme. Byron se trompe en nommant le soleil un grand séducteur, dont les flammes mûrissent vite les filles et les fruits. Marguerite ne put, dans ses brouillards scandinaves, éclore plus candide que cette compatriote des poisons foudroyants, des parfums mortels et des fauves amours. Elle réalisait l’ami de mes rêves, cet ami longtemps désiré, trop peu connu,