Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant regretté, Gérard lui-même, incarné sous une nouvelle figure aussi sympathique que la première. Seulement Gérard m’avait protégé, dominé ; à mon tour je dominais, je protégeais Jane ; elle avait pour moi la déférence que j’avais eue pour lui ; l’espoir de contribuer au bonheur d’un autre être me transportait d’orgueil. Quand elle me disait : « C’est trop, vraiment ! Vous êtes bon comme l’était mon père ! » Je sentais en effet une fibre paternelle tressaillir au fond de moi-même. Que mon enfant fût belle ou laide, je n’y pensais pas.

Un matin cependant — c’était le 1er mai, — Jane avait pris l’habitude des promenades dans la campagne, tantôt suspendue au bras de son oncle, tantôt au mien, avec un égal abandon ; — nous longions tous trois une