Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/84

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haie en fleur, où se montraient déjà les premiers nids : devant nous venait une noce. Elle se rendait à l’église, musette en tête ; la jeunesse suivait sur deux rangs, d’un pas leste ; on voyait ondoyer par-dessus le rempart d’aubépine qui marquait les méandres du sentier, tous ces petits bonnets épanouis à la façon de pâquerettes, dont un frais minois campagnard formerait le cœur. La mariée, au milieu de la gaieté de ses compagnes, était sérieuse comme l’amour vrai ; elle s’appuyait sur un beau garçon, qui me rappela Jacob emmenant sous la tente nuptiale, l’épouse gagnée par son travail. Et le soleil répandait sur eux une pluie d’or, toute la nature chantait l’épithalame. Je ne pus m’empêcher de serrer la main de Jane avec un soupir qui disait : — Voici des gens heureux ! — Et son regard me répondit aussi