Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/90

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rale, et ses instances me décidèrent sans peine à inviter Jane pour le dîner du soir même. Furey ne retrouvait plus rien des façons hautaines qui lui avaient inspiré tant d’aversion ; et lorsque madame de Brenne loua la gentillesse, l’aisance modeste de sa nièce, ses vieilles rancunes cédèrent au plaisir du moment.

Quant à Jane, elle demeurait éblouie. La toilette, la figure de cette grande dame qui, au premier abord, la traitait en amie, dépassaient toutes ses théories d’élégance et de beauté. Madame de Brenne parlait anglais, ce qui acheva de la ravir. Je regardais, assises à côté l’une de l’autre, ces deux femmes qui représentaient dans ma vie le mal et le bien, me demandant quel caprice bizarre de la destinée pouvait leur inspirer tant de sympathie mutuelle ; je remarquai aussi que tous les