Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/91

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compliments dont on accablait Jane m’étaient adressés des yeux (comme si j’eusse dû en tirer vanité), avec une sorte d’affectation qui me mettait mal à l’aise.

Lorsque, en sortant de table, mon père me fit signe de le suivre dans sa chambre, j’avais déjà vaguement conscience qu’un péril nous menaçait. Sans préliminaire, avec la sécheresse qui lui est propre, M. de Brenne me révéla le but véritable de son voyage, suffisamment motivé déjà par le legs que lui faisait madame de Mareuse, du château de Belles-Aigues. Comme il n’est pas de bonheur si humble qui ne prête à l’envie, le mien n’avait point échappé à la loi générale, et une fort honnête personne du voisinage s’était empressée d’avertir ma famille de la captation de M. Émile de Brenne par une aventurière,