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CHAPITRE X

premier accueil


Il ne faut qu’une quinzaine de jours pour atteindre Saint-Nazaire ; mais cette traversée, qui paraît si courte comparée aux lenteurs des voiliers, est sans doute bien longue pour ceux qui ont à la subir, car la vue de la terre fut saluée sur le Cyclone par des acclamations de joie presque générales. Je dis presque, car Yette n’y mêla pas les siennes. Elle n’éprouvait que l’appréhension du débarquement, des visages nouveaux qui allaient l’accueillir, du genre de vie tout à fait inconnu qu’il lui faudrait affronter. Ce navire, quelque inhospitalier qu’elle l’eût trouvé d’abord, était encore un peu le pays natal, il était parti avec elle du rivage aimé dont il semblait que, comme elle, il gardât le souvenir ; son père y avait posé le pied pour parler