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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/175

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LA CLASSE ET LA RÉCRÉATION.

— Non, dit Héloïse, c’est parce que vous êtes nouvelle. On éprouve les nouvelles. Cela passera. Moi, cependant, on me tourmente encore, bien que je sois ici depuis deux ans.

— Pourquoi ?

— Parce que je suis laide et stupide, à ce qu’on dit, » répliqua la pauvre Héloïse en rougissant.

Yette l’embrassa par un de ces mouvements spontanés qui la rendaient soudain très aimable.

« Je vous trouve jolie, dit-elle, car vous êtes bonne ! »

Jamais Héloïse n’oublia le plaisir que lui avait causé ce compliment, le premier qu’elle eût reçu, et elle voua en retour à Yette une affection qui ne se démentit plus.

« Si nous jouions ensemble ? dit-elle.

— À quoi jouerions-nous ? répondit Yette ; pour bien jouer, il faut pouvoir courir partout, et nous sommes enfermées entre quatre grands murs.

— N’avez-vous pas une poupée ? dit Héloïse. J’en avais une aussi, mais elle n’a plus de tête, Laure Raymond l’a cassée. Je serais contente de connaître la vôtre.

— Cette vilaine Aubry l’a prise et cachée sans doute.