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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

fruits verts firent merveille, du reste, car, cinq minutes après, la petite malade était bruyante et joyeuse entre tous parmi la marmaille blanche, noire et jaune qui roulait à travers la galerie comme un flot tumultueux.

M. et Mme de Lorme, étourdis par le vacarme, ne savaient dans quelle partie de la maison se réfugier, car les chambres ne sont séparées entre elles que par des cloisons de bois à jour comme les persiennes, de sorte que l’on n’est nulle part précisément chez soi.

« Chères enfants ! elles sont gaies, dit la jeune femme à son mari, en guise d’excuse timide.

— Oui, mais terribles ! reprit le mari employant l’épithète consacrée, celle qui convient le mieux en effet pour rendre le caractère des enfants créoles, entreprenants, inventifs, capables de mille tours plus comiques que méchants, mais aussi éloignés que possible d’ailleurs du type d’enfant gâté, boudeur et maussade, trop répandu en Europe.

— Yette est si caressante, elle a un si bon cœur ! poursuivit la mère.

— Et de l’esprit ! ajouta le père avec une subite indulgence ; mais toutes ces qualités, chère amie, rendent d’autant plus dangereuse pour elle