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UN TERRIBLE ENFANT.

la vie oisive et sans discipline d’aucune sorte que nous lui laissons mener. »

Mme de Lorme vit que l’éducation européenne allait être remise sur le tapis et leva vers son mari de beaux yeux suppliants.

« Mon Dieu ! dit-elle, je suis loin d’être un modèle, mais j’ai été une bonne compagne pour vous, jusqu’ici, mon ami, et une bonne mère pour nos chères petites… bien qu’un peu faible peut-être, je vous l’accorde ; enfin, vous n’avez pas eu à rougir, je crois, de mon ignorance, de mes manières… »

M. de Lorme regarda tendrement sa femme ; un sourire d’orgueil passa sur ses traits pendant ce rapide examen.

« Vous savez bien, Marie, que je vous trouve parfaite, dit-il dans la sincérité de son cœur ; mais où voulez-vous en venir ?

— À ceci : Je n’ai jamais quitté la colonie. Pourquoi mes filles feraient-elles autrement ?

— Parce que (je ne parle que de Yette, nous avons le temps de songer à Cora, et je ne prétends pas vous enlever à la fois tous vos trésors), parce que, chère amie, il y a des caractères plus ou moins difficiles à diriger, et que notre fille aînée est loin d’avoir la douceur de sa mère ; parce

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