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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/208

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

ici d’ennuyeux et de désagréable. Je vous crois. Mais, reprit-elle en fondant en larmes, à quoi bon ? Je ne sais pas écrire.

— Apprenez.

— Ce sera long ?…

— Trois ou quatre mois avec de la bonne volonté. »

Yette parut mesurer ce laps de temps interminable.

« J’essayerai, dit-elle avec un soupir.

— Bien ! Et moi je vous promets une chose en retour : vos parents ne sauront rien de votre escapade, ni M. Darcey non plus.

— Que m’importe M. Darcey ?

— Seriez-vous ingrate, petite Yette ? dit Mlle Aubry en lui relevant le menton pour la regarder droit dans les yeux.

— Ingrate ?… Il ne m’a jamais fait de bien !

— Il vient lui-même chaque jour, depuis que vous êtes entrée au pensionnat, s’informer de vos nouvelles, comme il ferait pour sa propre fille, et c’est un homme très occupé, cela doit le déranger beaucoup… Il me prie de vous donner tout ce qui peut vous faire plaisir. Si je n’ai pas suivi ses injonctions, c’est que vous avez mérité jusqu’à présent d’être punie plutôt que récompensée.