Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

186
HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

comme auparavant, mais avec je ne sais quelle sombre ténacité ; elle ne pleurait devant personne, ce qui faisait dire à Mme Darcey :

« Je ne lui crois pas beaucoup de cœur. Elle est froide, après tout ! »

Mais quelquefois, se jetant au cou de Mlle Agnès, cette autre orpheline, Yette lui disait :

« Je comprends maintenant combien j’ai été méchante de vous impatienter et de vous faire de la peine. Vous aviez déjà tant de chagrin ! »

On peut croire que la grande piété qui lui vint, tandis qu’elle se préparait avec ferveur à sa première communion, lui prêta des forces. Non seulement elle était sûre d’aller rejoindre sa mère un jour, mais encore, dès à présent, il lui semblait que la chère morte était venue la retrouver et marchait à ses côtés ; elle avait la certitude intime que tout ce qu’elle faisait de bien la rapprochait de cette maman adorée. Souvent, la nuit, elle se blottissait par la pensée contre son sein, dont elle croyait sentir la chaleur, et elle mêlait à une bonne prière mille petits noms qu’elle avait eu coutume de lui donner en promettant d’être sage, de la remplacer de son mieux auprès de son père et de Cora.

Ceux-ci n’arrivaient pas cependant, comme ils