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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/229

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LES VRAIS CHAGRINS.

« Si papa arrive cette semaine, il me trouvera encore bien au-dessous de ce qu’il croit sans doute que je suis devenue. Dépêchons-nous d’apprendre ! Si je pouvais en outre embellir un peu ! »

Son miroir lui disait qu’elle ne réussirait pas sous ce rapport. À quatorze ans, Yette croyait être une sorte de laideron, à en juger par ce portrait impitoyablement ressemblant qu’elle avait tracé d’elle-même :

« Visage trop rond.

« Nez retroussé.

« Yeux enfoncés, noirs et durs, sous des sourcils très épais.

« Bouche grande avec de bonnes dents.

« Teint pâle, — mais non, la pâleur est jolie… Comment donc l’appeler ?… Mettons verdâtre, bien que ce soit peut-être un peu exagéré.

« Cheveux, oh ! par exemple, j’ai les plus longs de toute la pension.

« Taille, cinq pieds ! On dit qu’elle sera belle, mais je ne crois pas, étant pour le moment gauche et dégingandée.

« Voilà une gentille personne à présenter au papa qui fait deux mille lieues pour la voir ! »

Ce que Yette n’ajoutait pas à ce signalement,