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Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/230

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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

parce qu’elle ne pouvait s’en rendre compte, c’est que son sourire était des plus francs et des plus sympathiques, et que ses yeux noirs, qui lui paraissaient durs quand elle se regardait dans la glace pour critiquer son image, pouvaient, selon les circonstances, tantôt pétiller d’esprit, tantôt devenir humides de tendresse ou rayonnants de bonté.

« Je ne serai jamais belle. Il est d’autant plus indispensable que je ne sois ni sotte ni méchante ! » concluait Yette avec un soupir.

Et puis, tout à coup, elle riait, en songeant que les papas étaient assez indulgents pour trouver leurs petites filles les plus charmantes du monde, fussent-elles laides à faire peur.

« Mademoiselle de Lorme, on vous demande au parloir ! » vint lui dire un soir la sous-maîtresse.

Au parloir ! Ce n’était ni le jour consacré à la visite des Darcey, ni l’heure de la récréation. Quelque chose d’extraordinaire était arrivé. Sa pensée, prompte comme l’éclair, embrassa ce quelque chose tant désiré, tant attendu. N’était-ce pas la veille que le transatlantique avait dû toucher à Saint-Nazaire ? D’un bond elle fut dans le parloir.