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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

en classe, on n’a plus la tête à ses leçons. Heureusement les noces d’argent d’un pensionnat n’ont lieu qu’une fois, et nous avons le temps d’attendre jusqu’aux noces d’or de la cinquantaine ! »

Yette remarqua que sa sœur, si joyeuse tout d’abord, était peu à peu devenue pensive. Quand Mlle Aubry, son invitation faite, les eut quittées :

« Eh bien, dit Yette, voilà qui est très amusant, mais nous n’avons point de robes !

— Si Mme Darcey était ici, elle nous en enverrait, j’en suis sûre, ou bien Polymnie insisterait pour nous prêter les siennes.

— Sans doute, mais les Darcey sont en voyage.

— J’ai bien ma robe de première communion, dit Cora avec un soupir ; en défaisant les plis…

— Oui, elle ira tant bien que mal, mais j’ai peur qu’elle ne soit toujours trop courte !…

— Pourquoi me dis-tu cela ? gémit la pauvre Cora, — et ses lèvres eurent un léger frémissement, — pourquoi ? puisque je ne peux en avoir d’autre ?

— C’est vrai, dit gaiement Yette, il faut en prendre ton parti et tâcher de te divertir quand même. Il y en aura peut-être d’aussi mal attifées que toi ! »

Cora trouva sa sœur bien cruelle d’insister autant sur ce qui lui était vraiment très dou-