loureux ; mais elle eut le courage de ne rien répondre d’aigre ni de désagréable. Elle essaya la robe de première communion, découvrit que le corsage était si étroit, qu’on n’en pouvait rapprocher les deux côtés, et qu’il y avait un accroc dans la jupe, entreprit de rélargir, de raccommoder tout cela, y réussit fort mal et se demanda si elle ne ferait pas mieux de renoncer à la fête, puis craignit de paraître sotte, pleura un peu en l’absence de Yette, tâcha de jouer l’insouciance quand celle-ci revint de ses leçons, et ne réussit à persuader sa sœur que d’une chose : c’est qu’elle s’efforçait décidément de surmonter ses petites velléités de coquetterie et de vanité. Ce fut une grande satisfaction pour Yette, qui jamais n’avait été si joyeuse :
« Je ne la reconnais pas, pensait Cora. On dirait qu’elle est tout à fait indifférente à ma peine. Pourtant elle doit bien la deviner. Mesdélices elle-même s’aperçoit que j’ai toujours les yeux rouges depuis qu’il est question de ce malheureux bal ! »
Cora ne savait pas que tous les soirs, quand elle était endormie, Yette se relevait sans bruit, passait une robe de chambre, rallumait la lampe, ranimait les tisons dans la pièce voisine, puis