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LE DÉPART.

chaient cette planche et la replaçaient. M. de Lorme et la da avaient fini par mettre pied à terre ; à chaque cours d’eau, un nègre entrait dans le lit et soutenait avec la main le bout du bâton de ceux qui défilaient. Alentour, toutes les terres présentaient des pentes abruptes, entrecoupées elles-mêmes de rochers. M. de Lorme expliqua à Yette que ces terres étaient les meilleures, même quand la canne ne peut y être plantée qu’au louchet, c’est-à-dire au moyen d’un piquet garni d’une pointe de fer qui remplace la houe aux endroits où celle-ci ne trouverait pas de place pour mordre le sol. Mais, dans ces terres-là, gare aux serpents ! Il peut y en avoir un sous chaque roche. Dans les pièces de terre que l’on sait infestées de ces reptiles, on coupe les cannes en cercle, en ayant soin de laisser au milieu un bouquet dans lequel les serpents vont naturellement se réfugier. On enlève toute la paille qui environne ce bouquet, l’atelier se place autour, le coutelas à la main, dans l’espace nettoyé ; on met le feu à la paille de canne qui couvre le sol de la citadelle des serpents, tous cherchent à fuir, et alors on les tue presque sans danger, vu qu’en marche ils ne peuvent piquer. Cependant, des serpents à demi rôtis se lèvent au milieu du feu et s’élancent con-

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