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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

Et Maxime de rire, tout prêt à se fâcher, n’admettant pas qu’on le comparât à une bête. Ce qui étonnait Yette, c’était que, sur d’autres points, il fût le meilleur garçon du monde, capable de pleurer quand le moindre accident arrivait à l’un de ses camarades.

« Comment cela se fait-il ? avait-elle demandé souvent à sa mère. Il est impossible pourtant qu’il ait bon cœur. »

Elle sut un jour à quoi s’en tenir sur ces apparentes contradictions.

Dans sa basse-cour, il y avait un coq superbe, bien campé sur des pattes ni trop longues ni trop courtes, l’œil ardent, la queue ornée de longues plumes recourbées jusqu’à terre, les pieds munis d’éperons insolents qui lui donnaient une démarche comparable à celle d’un cuirassier en bottes à l’écuyère.

« Est-il coquet ! dit une fois Max en le regardant avec admiration. A-t-il l’air fier ! Il ferait bon effet au pit !

— Qu’est-ce que c’est que le pit ? » demanda Yette curieuse.

Max lui expliqua comme il put que le pit est une sorte de puits, d’arène plutôt, avec de la sciure de bois par terre et une palissade pour sé-