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COMBATS DE COQS.

parer les combattants des banquettes où sont assis les spectateurs. Une toiture en forme de chapeau chinois recouvre le tout : « Et, ajouta le petit Desroseaux, il y a une foule ! Comment, tu ne connais pas cela ? Les femmes n’y vont jamais, c’est vrai, — et Max se redressa d’un air d’importance, — mais tu aurais pu du moins en entendre parler. Ton papa ne fait donc jamais battre de coqs ?

— Quelle horreur ! s’écria Yette, comment une personne raisonnable commettrait-elle cette méchanceté ?

— Mon oncle à moi a des coqs guemme[1], répondit Max ; déjà il m’a emmené plusieurs fois au pit.

— Qu’est-ce qu’on y fait ? demanda Yette, de plus en plus intriguée.

— Eh bien ! on regarde deux coqs se battre. Les piteurs les présentent bec à bec, afin qu’ils

  1. Corruption du mot anglais game, jeu. Le combat de coqs est aussi populaire aux Antilles et au Mexique que le sont en Espagne les courses de taureaux, en Angleterre les courses de chevaux. Les noms de Doublon et de Trois-Rivières, deux vieux routiers invincibles, figurent, à la Martinique, dans les annales du combat, comme les noms d’Éclipse et de Gladiateur chez nous dans celles du turf.