sommeil. Beowulf le punit de ses actions quand il le vit étendu sans vie sur le sol, le cadavre de Grendel bondit au loin quand le héros y ayant porté un coup terrible, en détacha la tête.
Bientôt les hommes qui, en compagnie de Hrothgar, examinaient la mer, virent que les flots étaient tout mêlés et souillés de sang ; ils parlèrent ensemble de Beowulf et se dirent qu’ils n’espéraient pas le voir revenir victorieux auprès de Hrothgar, car beaucoup croyaient que la Louve de l’abîme1 l’avait tué. La neuvième heure2 arriva. Les Scyldingas quittèrent le cap et le roi retourna chez lui. Les étrangers remplis de tristesse s’assirent3 et regardèrent la mer ; ils étaient si découragés qu’ils ne croyaient point qu’il leur serait donné d’assister au retour de leur chef.
Rongée par le sang qui la couvrait l’épée commença à diminuer ; chose merveilleuse elle fondit entièrement comme la glace au retour du printemps. Le prince des Goths, bien qu’il vît dans la demeure de nombreux trésors, ne prit que la tête de Grendel et la garde de l’épée (la lame s’était fondue tant était chaud et empoisonné le sang qui la couvrait.) Bientôt celui qui avait affronté la lutte des ennemis s’engagea sur la mer et nagea à travers les flots ; la terre et les eaux étaient maintenant délivrées de l’esprit infernal. Beowulf atteignit alors la terre en nageant ; il se réjouissait de son butin. Sa troupe alla à sa rencontre, remercia Dieu et se réjouit de ce qu’elle pouvait le revoir sain et sauf. On le débarrassa promptement de son casque et de sa cotte de mailles, car l’eau de la mer était corrompue et souillée de sang. Les Goths retrouvèrent alors, le cœur joyeux, les traces de leurs pas et reprirent la route connue. Tous aidèrent à transporter la tête de Grendel ; quatre d’entre eux la portèrent péniblement sur une lance jusqu’au moment où ils arrivèrent tous les quatorze à la salle : — Beowulf marchait au milieu d’eux. Il entra pour saluer Hrothgar ; la tête de Grendel fut por-