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de le revoir. Beowulf partit ensuite fier de ses trésors. Le navire, attaché à son ancre, attendait son possesseur. Pendant le trajet on vanta souvent les dons de Hrothgar (Hrothgar fut un roi irréprochable jusqu’au moment où l’âge vint le priver de la jouissance de sa force.)

XXVIII

Les guerriers arrivèrent à la mer. Le gardien de la terre s’aperçut de leur retour : il ne salua pas les étrangers, de son poste sur la pente du cap, par des paroles d’injure, mais il chevaucha jusqu’à eux et leur souhaita la bienvenue ; les guerriers allèrent ensuite au navire. Le vaisseau était sur la plage, chargé de vêtements de guerre, de chevaux et d’objets précieux ; le mât s’élevait sur les trésors de Hrothgar. Il donna au gardien du navire une épée en or ciselé, l’arme fit ensuite la gloire de cet homme dans les repas des guerriers. — Ils partirent sur le navire et quittèrent le pays des Danois. Les voiles étaient attachées au mât par des cordages. Le navire frémissait ; le vent n’entrava pas sa marche sur les flots, si bien qu’ils purent bientôt apercevoir les falaises de Gothie et les promontoires bien connus. Le navire, que le vent agitait, s’approcha de la terre. Le gardien du port qui, depuis longtemps guettait leur arrivée, fut bientôt près du rivage ; il attacha solidement la barque au moyen des cordes des ancres, de peur que la violence des flots ne l’entraînât au loin. Il fit porter à terre les trésors de Hrothgar. C’était non loin de là qu’il fallait aller pour trouver le roi ; Hygelac, fils de Hrethel, et ses compagnons demeuraient à proximité de la côte ; sa demeure était splendide. Hygd, fille de Hæreth, qui était remplie de sagesse malgré le petit nombre de ses ans, habitait avec lui ; malgré sa dignité elle ne se montrait ni basse ni avare envers le peuple goth.

L’esprit de Thrytho1 était rempli de desseins criminels. Aucun guerrier n’osait la regarder, à l’exception tou-