Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/37

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tesque (v. 1558, 2616, 2979), hindema, dernier (v. 2049 et 2517), fuslic, prêt (v. 232, 1424, 2618), unfaege, non voué à mort (v. 573 et 2291) ou des composés faisant image tels que handgemot, la mêlée (v. 1526 et 2355), leodhryre, la chute d’un prince (v. 2030 et 2391) et guthwine, l’épée ou l’ami de combat (v. 1810 et 2735). Les particularités de grammaire signalées dans un paragraphe précédent, le style disjonctif et saccadé, la tendance à se servir de la litote ou atténuation voulue de la pensée, en disant p. ex. : « Ce ne fut pas un bon échange » (v. 1304) pour « Ce fut un troc funeste » et « Ce ne fut pas un voyage aisé » (v. 2586) pour « Ce voyage fut difficile », ou à écrire sous forme de périphrases courantes « geceas ecne raed (v. 1201), il choisit un gain éternel », et « Godes leoht geceas (v. 2469), il choisit la lumière divine » pour « il mourut » sont communs à l’une et l’autre partie. Et l’allure du mètre épique qui se maintient identique jusqu’en ses moindres variations d’un bout à l’autre de la geste renforce aussi l’impression d’uniformité réelle qui se dégage d’un examen attentif de l’épopée anglo-saxonne.

Mais s’il faut se rendre à l’évidence et reconnaître l’unité profonde manifeste pour qui aborde le Beowulf sans prévention, il est permis de noter un progrès incontestable quand on passe de la première à la seconde partie. Sarrazin avait jadis appelé l’attention sur la différence de ton qui sépare le récit de la lutte contre Grendel de celui du combat livré au dragon, et l’expliquait par la différence qu’il y a entre un chant de victoire et le récit des derniers moments du héros blessé à mort, ou bien entre un écrivain jeune et ardent et ce même écrivain aux approches de la vieillesse. Toutefois, aucun critique ne semble avoir remarqué à quel point ce changement correspond à des modifications réelles et à un sensible perfectionnement du vocabulaire et du style vers la fin du vieux poème épique. Il ne s’agit pas seulement de l’emploi de termes nouveaux ou de απαξ λεγόμευα, dont il existe aussi des exemples dans la première moitié de l’œuvre et que justifierait la diversité des incidents introduits après le vers 2200, mais plutôt de mots appliqués à des objets ou à des concepts déjà exprimés à maintes reprises. Tels sont entre autres des verbes comme bywan, orner (Beowulf, v. 2257) ; behofian, avoir besoin (id., v. 2647) ; gestrienan, acquérir (id., v. 2798) ; abredwian, tuer (id., v. 2619) ; friclan, chercher (id., v. 2556) et swelan, brûler (id., v. 2713), auxquels jusque-là le poète n’avait pas eu recours, des adjectifs d’un usage familier comme dyrstig, audacieux (id., v. 2838) ; thrist-hydig, hardi (id., v. 2810) ; earg, couard (id., v. 2541) ; thyslicu, tel (id., v. 2637) ; getenge, posé (id., v. 2758) ; unfrod, jeune (id., v. 2821) ; welig, riche (id., v. 2607) ; et certains composés originaux comme aerfaeder, ancêtre (id., v. 2622) ; londwara, les gens du pays (id., v. 2321) ; ealond, le littoral (id., v. 2334) ; maegburg, un clan (id., v. 2887) ; hrethsigora, la victoire (id.,