Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/107

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chez nous. Quel charme ! Au milieu de mes livres et dans nos conversations, le charmant esprit de Fanny se développait, en même temps que sa beauté. Je n’étais plus seul ; dans cet échange humain où nos facultés se retrempent, je vivais heureux, et je devins avec elle plus jeune que je ne l’avais encore été.

« Elle-même, dans une aisance et une liberté qu’elle n’avait jamais connues, confiante en mon amour, sentait, me disait-elle, comme des ailes qui lui poussaient, et remplissait de chants notre bocage.

« Par une fierté qui me plaisait, elle n’avait point voulu abandonner son état de couturière ; elle était seulement moins assidue au travail ; mais, tandis que j’étudiais dans ma chambre, de ses petits doigts agiles elle tirait l’aiguille sans relâche. Nous vivions réellement comme si nous avions été mariés. Tous nos plans étaient communs ; par respect de Fanny et de notre amour, j’avais renoncé à toute compagnie équivoque. Fanny voyait