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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/106

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ouvert, je saisis sa main et lui dis ardemment combien je l’aimais. Elle, me repoussant doucement, pleura sans rien dire. Pauvre chère fille ! elle sentait bien quelle destinée je lui apportais. Certes, je l’aimais tout autrement que ces pauvres créatures qui avaient déjà passé dans ma vie ; je l’eusse protégée et défendue contre tous… excepté contre moi-même.

« Et cependant, sans y songer, elle me contraignit de la respecter longtemps. Notre amour eut son idylle. Nous fîmes seuls, aux bords de la Seine, dans la campagne, des promenades enchantées, où pourtant elle me défendait de l’embrasser ; mais quand elle me vit triste, brusque et morose ; ce fut elle qui, de son propre mouvement, jeta les bras autour de mon cou et posa sa joue sur mes lèvres.

« Comme auparavant, elle ne songeait qu’à vivre de son travail et ne me demandait rien. Mais j’obtins enfin qu’elle vint habiter un petit appartement contigu à ma chambre. Nous prîmes ensemble nos repas ; nous étions