Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/109

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enfant surtout fut inconsolable. « Il me semblait qu’il venait entre nous comme le maire ou le prêtre, me disait-elle en pleurant, et même c’eût été bien mieux ! »

« Elle était rétablie depuis plusieurs mois quand je fus obligé d’aller passer les vacances dans ma famille. C’était inévitable ; je venais d’être reçu docteur avec éclat ; on se plaignait de ma longue absence ; on allait marier l’aînée de mes nièces ; ma mère, enfin, m’accusait de l’oublier, se disait souffrante et m’attendait pour la guérir. Je quittai Fanny en promettant de revenir au bout d’un mois au plus tard. Nous devions nous écrire tous les deux jours au moins. Fanny me fit ses adieux avec tristesse, mais sans inquiétude.

« Quand je fus arrivé dans ma ville natale, il me sembla que j’avais changé de monde tout à coup. Je retrouvais en face de moi, solides comme des rocs, ces inébranlables préjugés de province qui sont à l’épreuve de tout argument. Je n’avais, du reste, aucune intention de les attaquer, et me contentai