Aller au contenu

Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’en refaire le tour en curieux. Mais je ressentais véritablement l’influence d’une autre atmosphère et la haute pression de cette opinion implacable, qui étreint des pieds à la tête l’individu, et ne le rejette que passé au crible et percé à jour.

« Dans ma famille on remarquait tout, on me questionnait sur tout ; on me força, par mille questions, de bâtir une foule de mensonges ; mais j’eus beau me dérober, la vie que mènent les jeunes gens à Paris — et ailleurs — est si bien connue, et si parfaitement acceptée, que ma sœur me dit en riant :

« Allons, je vois que tu es un saint. Mais prends garde cependant, quand j’irai te voir, de ne pas m’introduire au sein de ta famille. Je ne tiens pas à l’honneur de lui être présentée. »

« Savait-elle quelque chose ? Qu’importe ? De telles paroles, dites de cet air délibéré par une mère de famille, me firent froid au cœur. Était-ce l’effet de la vie réellement pure que je menais depuis deux ans, mais