Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/128

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Elle ne répondait pas, et je vis qu’elle pleurait toujours. Cependant, je désirais un mot d’elle, et j’attendis. Le cœur d’un malade s’ouvre facilement à la tendresse ; et les soins de cette femme avaient été si patients et si dévoués ! Cette compassion maternelle qu’elle faisait couler comme un baume sur toutes mes plaies m’était si douce ! et je lui savais tant de gré de me l’avoir accordée, sans que j’y eusse aucun droit que mon malheur ! Pour tout cela, Julienne était devenue pour moi, dans l’isolement où les autres m’avaient laissé, l’objet à peu près unique de mon affection et de ma confiance. J’avais voulu me faire connaître à elle et soulager mon âme par cette confession ; mais je craignais à présent de m’être nui dans son esprit, et d’avoir part aux ressentiments qu’elle devait éprouver contre celui qui l’avait trahie. Elle se taisait toujours et je n’entendais derrière le rideau que sa respiration entrecoupée, lorsque l’enfant, revenant de l’école, frappa à la porte. À partir de ce moment, Ju-