Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/129

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lienne, comme à l’ordinaire, fut tout entière aux soins du ménage. Elle prépara mon dîner, me le servit, fit manger l’enfant et l’alla coucher.

Moi, je restai seul et triste. Je n’avais pas voulu regagner mon lit à l’heure habituelle, et, plongé dans un fauteuil et déjà bien las, je sentais tant d’amertumes remuées me serrer le cœur, et la peur de l’avenir, d’un avenir triste, désolé, stérile, me reprenait. Dans nos relations journalières, nous ne savons pas combien nous avons d’influence les uns sur les autres pour éveiller en nous les dispositions joyeuses ou tristes. La bienveillance est aussi nécessaire aux âmes, dans la vie, que la rosée aux plantes, pendant l’été. Une bonne parole, un serrement de main de Julienne, ce soir-là, m’eussent endormi le cœur sur les malheurs du passé et sur les maux de l’avenir. Mais son silence jetait sur tout des teintes sombres, et je me sentais comme abandonné.

Enfin, elle revint, éclaira ma chambre, et,