Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/134

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yeux me le criaient, et cependant je sentais que c’était elle, et l’avais senti dès le premier jour.

Combien de fois d’étranges ressemblances d’allures, de gestes, outre la voix, m’avaient fait tressaillir ! Que de fois, vis-à-vis de cette femme, j’avais éprouvé l’impression d’une intimité antérieure. Et cependant, brune, bossue, défigurée, ce ne pouvait être Fanny. Était-ce donc sa sœur ? Non, il n’y a point de parentés d’âme aussi étroites. Mais cette identité, qui pourtant s’imposait à moi comme une vérité, renversait toutes les apparences. J’en faillis devenir fou, et un assez long temps s’écoula avant que je fusse capable de maîtriser le tremblement nerveux qui m’avait saisi.

Alors, la volonté d’avoir à tout prix et sur-le-champ le mot de l’énigme se fit en moi, et à mesure qu’elle croissait en intensité, elle semblait me fournir les forces nécessaires à son accomplissement. Je me levai de mon fauteuil, rattachai ma robe de chambre et