Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/137

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ponse, et nous sentîmes, sans plus avoir besoin de nous le dire, combien nous étions l’un à l’autre et que c’était pour toujours.

Plus tard, elle me peignit ses angoisses quand elle me trouva dans ma chambre, tout sanglant, et qu’elle eut peine à me reconnaître. Nous avions vécu plusieurs mois l’un près de l’autre, sans nous rencontrer, et ce coup de pistolet, par lequel je rejetais loin de moi ma vie passée, avait été l’appel suprême qui, parvenu jusqu’à Fanny, l’avait fait accourir à moi. Dès les premiers jours, malgré mon délire, je l’avais reconnue sans doute, car j’avais répété son nom.

Elle, inquiète dans sa fierté, ne voulant point m’imposer de reconnaissance, elle avait couvert d’un bandeau de cheveux noirs ses beaux cheveux blonds ; elle avait contrefait sous un gros châle sa taille charmante, et s’était couvert tout le visage d’un bandeau de taffetas. Vis-à-vis du médecin et des gens de la maison, elle donna pour motif de ce déguisement de pudiques susceptibilités, que