Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/139

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nue, arrachant son masque, interroger en pleurant son petit miroir. Et moi, grondant sa folie, je l’adorais à genoux, goûtant, pour la première fois, le bonheur de vivre hors de moi-même ; car je l’aimais à cette heure plus que je n’avais jamais aimé.

Voilà, mon ami, les événements qui ont fait de moi ce que vous appelez un homme étrange ; voilà pourquoi la vie de famille, l’étude et le bien que je puis faire dans ce village bornent mes désirs ; pourquoi je ne cherche pas, comme vous dites, un plus grand théâtre pour mes talents, et pourquoi, ce qui vous surprend plus encore, je n’ai pas pour mes enfants l’ambition de hautes carrières. J’ai toujours cherché à leur inspirer le goût du travail, et c’est pourquoi je n’ai pas étouffé leur enfance d’études stériles. Je leur présente successivement les connaissances qui me semblent à leur portée, et ne crois pas qu’ils perdent leur temps pour n’être point rebutés par d’autres. Mon seul but est de découvrir leur vocation et de la