Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/145

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leste ; moins monotones, les yeux gris rappellent la mer, changeante, mystérieuse, étincelante. Et que la mer ne soit pas humiliée d’une telle comparaison ; si grande qu’elle soit, un regard humain est plus vaste encore. En la résumant, il l’agrandit, et bégaye le mot de ses mystères.

Obstinément attachés sur la vitre de l’omnibus, les yeux de la jeune femme révélaient une inquiétude, un doute. Évidemment des questions contradictoires s’agitaient en elle. De temps en temps les ailes du nez frémissaient un peu ; ses lèvres roses et bien dessinées, tantôt s’avançaient pour former une moue légère, comme si elle se disait : non ; tantôt se serraient dans une attention pleine d’anxiété. Que pouvait-elle considérer ainsi ? Ce n’était pas un objet fixe, puisque ses yeux restaient attachés sur la même vitre et que l’omnibus roulait toujours.

Peut-être cette contemplation était-elle intérieure ? et la jolie voyageuse s’enfonçait-elle dans une de ces recherches pendant les-