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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/146

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quelles nous fixons notre vue pour ne pas voir ? — Non, son regard voyait ; même il s’efforçait de mieux saisir, et puis, toute distinguée que fût cette aimable figure, elle n’avait rien qui annonçât le travail de la pensée. Dans ces contours pleins et arrondis, sous ce teint d’une blancheur transparente, sous ce front sans plis, à je ne sais quelle empreinte déposée par les habitudes frivoles qui remplissent d’ordinaire la vie des femmes, on reconnaissait l’absence de soucis intellectuels. Toutefois, de ce minutieux examen ressortait une autre révélation : sous les yeux, au coin de ces lèvres, si roses et si fraîches pourtant, çà et là, de légers sillons affirmaient que cette jolie créature n’avait pas été respectée par la souffrance.

L’objet que la jeune femme contemplait avec une ardeur de plus en plus vive, à mesure qu’une certitude semblait l’envahir, c’était l’image de l’omnibus, réfléchie dans les glaces des boutiques, avec les voyageurs de ce côté de l’impériale, dont les figures et