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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/176

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rire ; mais, tout de suite après, elle pleurait d’avoir ri. C’était en elle un combat perpétuel entre la douleur qui dédaigne les biens de la vie et la jeunesse qui veut en jouir. Un rayon de soleil, les premières violettes, les modes du printemps, un concert, une promenade, l’attiraient instinctivement ; mais ensuite elle s’obstinait à rester chez elle, assise, immobile pendant des heures, tenant à la main sa broderie, qu’elle n’augmentait pas d’une fleur, et pleurant silencieusement.

Olivier Martel vit ces larmes, ou les devina. Il aimait trop sincèrement pour songer à profiter du chagrin de la jeune femme ; mais il en fut si touché, si malheureux, et chercha si naïvement à l’égayer et à la distraire, que la vérité en ceci — comme toujours peut-être, — lui servit mieux que l’habileté. La tromperie n’a d’autre but que de remplacer par des fantômes les trésors absents ; les cœurs vides en ont seuls besoin. Emmy se sentit aimée. Dès lors, elle continua à se dire de temps en temps, avec de