Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/186

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seule, sans autre joie que celle d’élever une petite fille — afin que celle-ci peut-être soit malheureuse à son tour ? Quand on ne veut pas rester attaché à une femme, on ne doit pas se marier ; au moins on ne trompe personne. Belle et charmante comme elle l’est, notre Emmy, la voilà donc, elle aussi, épousée comme pour son argent et tenue à la gêne pour vos affaires et pour vos plaisirs ! Elle n’a rien à elle ! Vous lui avez pris sa dot, son bonheur, sa liberté, tout ! Et c’est pour ça, croyez-vous, que nous élevons nos filles ? pour que vous jouissiez de notre bien, en les tenant à la chaîne ! Oh non ! c’est trop fort ! ça ne se peut pas ; je ne le veux pas ! j’empêcherai ça ! Je l’empêcherai, quand je devrais… car enfin, il est impossible que des choses pareilles soient souffertes dans le monde. Il y a des pères ! Ah ! si j’avais su !… »

M. Talmant s’était rassis à son bureau ; il sifflotait entre ses dents. Évidemment, M. Denjot lui agaçait les nerfs au plus haut