Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/214

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abandonna le reste à la Providence, en se disant qu’elle avait fait pour le bonheur de sa fille ce qu’elle avait pu.

Mais Emmy, désormais, pouvait-elle être heureuse ? Ce n’était plus l’infidélité de son mari qui l’affligeait. Faut-il le dire ? Quand Mme Denjot lui rendit compte du succès de sa démarche près de Léocadie, elle n’en conçut que regret. Eh ! qu’on le laissât porter son amour à d’autres ! et qu’il ne revînt jamais à elle ! maintenant qu’elle ne l’aimait plus, maintenant qu’elle appartenait tout entière à d’autres rêves, si chers et si purs !

Les duretés de Gervais, ses soupçons, ses mauvais traitements, elle acceptait tout, pourvu qu’on lui laissât, abritée dans son cœur, et sans l’offenser par une fausse réconciliation, par aucune insulte, l’image chérie d’Olivier. Elle ne le voyait plus sous ses yeux, mais il était constamment dans sa pensée. Elle était dévorée d’inquiétude pour lui. Il était si malheureux de ne plus la voir ! Ah ! s’il pouvait l’oublier ! du moins ne plus