Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/219

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brisant parfois, quand le vent s’élevait, une branche nouvelle, éclose hier, d’entre ses écailles luisantes et vernies, toute frileuse encore et de ce vert jaune qu’a aussi le duvet des petits oiseaux, s’agitait et lui faisait signe. Elle était heureuse au soleil, la petite branche, et quand Emmy la regardait elle semblait lui dire : « Vois comme la terre est belle, notre mère à tous. Je suis avril, je suis la jeunesse, et je vis de soleil, comme tu vis d’amour. » Puis, s’inclinant au vent, elle murmurait, d’une voix si douce que seule Emmy l’entendait : « Olivier ! Olivier ! »

« Tout me parle de lui, » se dit-elle, et elle détourna ses yeux, qui se portèrent du côté de la statue de César.

Contre le piédestal, un homme était appuyé : c’était lui. De quel air il la contemplait ! Que de choses dans son regard ! C’était bien l’être en qui l’intelligence et l’amour, conscients d’eux-mêmes, rayonnent et aspirent. Dans le regard d’Olivier, dans son attitude, Emmy lisait tout ce que cette âme enthou-