Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/228

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soler et bafouer ; non ! quand il devrait abîmer le monde, se perdre lui-même !…

Il était dans un de ces paroxysmes sous l’empire desquels un sauvage saisit sa hache et frappe ; mais Gervais, nous l’avons vu, s’il était violent, savait se maîtriser. La vie civilisée lui avait donné cette somme de prudence qui est la seule conscience de beaucoup de gens.

Il ne lui vint pas à l’idée une fois que la faute d’Emmy était la conséquence naturelle, presque inévitable, des siennes ; qu’il était justement puni ; que, délaissée, maltraitée par lui, femme, elle avait aimé pour ne pas mourir. Non, doué par son sexe et par sa fortune de tous les avantages dans l’ordre social, il avait toujours trouvé cela naturel, et sa réflexion ne s’était appliquée jamais qu’à ses intérêts. Ne trouvant point sous sa main de croyances toutes faites, incontestées, il n’avait pas pris la peine de s’en former et n’en avait pas senti le besoin, tant il était occupé de vivre. Il n’était pas d’humeur à passer sa vie dans une recherche incertaine,