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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/24

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bre ; la mère en était reconnaissante, et ce n’était que de l’égoïsme de ma part, car j’avais besoin de les avoir là près de moi. Quand j’étais seul, parfois, les vieux fantômes revenaient m’entourer ; chaque jour ils devenaient plus distincts, et j’essayais en vain de les chasser. J’avais peur de retomber dans cet enfer d’âpres soucis et de solitude amère que j’avais fui. Mais la présence de Julienne et de l’enfant me rafraîchissait et me calmait : ils m’aimaient.

Oui, j’en étais sûr. Il était impossible de s’y tromper. Comment expliquer de la part de Julienne cette attention toujours présente ? Comment, sans affection, aurait-elle pu deviner ainsi mes pensées ? Et sa voix, cette voix que je ne pouvais entendre sans un étrange frémissement de cœur, d’où lui venaient ces accents si intimes, si tendres ? Évidemment c’était un jeu de la nature, ou de mon imagination ; mais cette voix me rappelait des souvenirs adorés, flétris hélas ! un remords !