Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/27

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me blessa ; je cessai de lui parler, et comme alors, inquiète de mon silence, elle voulut causer à son tour, je répondis brusquement. Elle fondit en larmes.

Aussitôt, je fus honteux de ma dureté, et, prenant sa main dans les miennes, — une petite main vraiment plus jeune et plus élégante que son visage :

« Chère Julienne, lui dis-je, vous n’êtes point une garde ordinaire. Depuis deux mois, vous avez fait bien plus que me donner des soins, vous m’avez aimé. Le bien que j’en ai ressenti, pour le comprendre, il vous faudrait savoir à quel point mon âme était sèche et désolée. Quand j’ai recouru à cet acte de désespoir, j’étais seul, abandonné de tous…

— N’avez-vous jamais été aimé ? me demanda-t-elle d’un accent qui me frappa.

— Oui, répondis-je, et… j’ai trahi l’amour. J’étais puni justement. »

Il y eut un silence ; puis je repris ma pensée :