Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/31

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nous disions de vilaines injures, que nous avions entendu les hommes échanger entre eux. Cependant, je n’ai jamais aimé les querelles, et je passais plutôt de longues heures à regarder le ciel au-dessus des maisons, les nuages qui passaient, les hirondelles coupant l’air, et entre deux toits abaissés la tête d’un peuplier, dont les petites feuilles frémissaient au vent. Tout cela me semblait beau. Les enfants voient beaucoup plus beau que les hommes, et c’est pour cela, sans doute, que le blanc de leurs yeux n’a pas la même teinte, azuré qu’il est. Une preuve, c’est que lorsque je suis retournée dans notre rue, plus tard, je ne pouvais pas reconnaître ces choses, qui m’étaient restées dans le souvenir toutes charmantes. Tout me sembla plus terne, alors, et plus petit ; ce n’était plus ça.

« Comme je l’ai dit, on ne m’apprenait rien du tout, pas même à lire, et en attendant que je fusse obligée de travailler du matin au soir, je n’avais quoi que ce fût à quoi me prendre