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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/36

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— Mais alors, comment n’y a-t-il de libres que les mauvaises libertés ?

« Quant à moi, aucun mal ne me semble plus profond que celui-là, dont j’ai tant souffert, et dont j’ai vu souffrir autour de moi toute ma vie. Et lorsque je vois arrêter des sens pour un rien, je me dis que puisqu’on accepte bien qu’il y ait une police, elle devrait s’occuper surtout des ivrognes, qui mettent journellement la vie et la tranquillité des autres en danger, et qui sont de plus une honte publique. Enfin, quand j’entends les gens traiter ce mal comme peu de chose et en rire, Dieu leur pardonne ! je pense, moi, que cela m’a tué ma mère et a perdu l’âme de mes deux frères ; oui, du plus jeune aussi, ce pauvre ange d’autrefois, que j’ai tant aimé ! J’ai vu ma sœur aussi écrasée sous le même fardeau, et tant d’autres ! Et j’ai été forcée de mépriser mon père et de le haïr !

« Un jour notre pauvre mère s’en alla d’épuisement, de chagrin aussi. Elle n’avait