l’ouvrage chez moi, et Ninette fut mise en apprentissage à son tour.
« Mais alors un grand malheur nous frappa : notre protectrice mourut. Ses héritiers ne s’occupèrent point de continuer ses bonnes œuvres, et les frais de l’apprentissage de Ninette, qui était loin encore d’être au pair, tombèrent à ma charge. Pourtant, j’avais bien assez de peine déjà à nous nourrir tous. Il me fallut passer les nuits au travail, tant pour faire l’ouvrage qui m’était donné que pour entretenir mes vêtements et ceux des enfants. L’aîné de mes frères, qui gagnait quelque chose, ne m’apportait que ses vêtements à raccommoder. Par moments, je pliais sous le faix à croire que j’allais mourir, et je me couchais parfois avec de si grandes douleurs dans le dos et dans la poitrine, que j’avais peur de ne plus pouvoir me lever le lendemain.
« On croit généralement que le travail d’aiguille n’est pas fatigant et convient aux personnes faibles. C’est une grande erreur ;