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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/68

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moi-même. Et cependant, je les sentais avec énergie à ce moment. J’attirai à moi le petit Charles et l’embrassai. Il me regarda de ses grands yeux comme pour dire : « Tu m’aimes donc ? » Et Julienne, qui était debout au pied du lit, s’y appuyant d’une main, cacha, je ne sais pourquoi, son visage dans les rideaux.

Si les soins tendres et intelligents de Julienne me l’avaient fait aimer, la connaissance de sa vie me la fit estimer davantage. Avoir résisté à tant de causes de dégradation marquait une force peu commune, et je me disais avec elle qu’une étrange sévérité, où bien une profonde ignorance, présidait à nos jugements sur ces malheureuses femmes, que la société semble également jalouse de perdre et d’insulter.

Hélas ! qu’était-elle devenue, celle que plus que toute autre j’avais trahie, cette suave et charmante figure qui n’avait cessé de hanter mes rêves et de me poursuivre des plus doux souvenirs, des plus vifs remords ? Assuré-