ment, comme Julienne, elle devait avoir lutté courageusement. Mais, comme Julienne, avait-elle eu du bonheur ? Une seule chance contraire dans ces durs combats d’un seul être contre le destin social, et tout est fini. Cette idée m’obséda. Dans mes rêves, je voyais Fanny, seule et agonisante, sur un grabat, ou, d’autres fois, pâle et exténuée de travail, allumant un réchaud pour son suicide, et l’impression de ces cruelles images me poursuivait encore pendant le jour.
Mes angoisses n’échappèrent point à Julienne ; anxieuse de les calmer, elle m’interrogea. À mon tour, je lui devais ma confiance et j’avais besoin de la lui donner. Une après-midi, comme, après m’avoir installé dans mon fauteuil, elle reprenait son travail de couture, m’étant recueilli pendant quelque temps, plein d’une profonde mélancolie, je lui fis ce récit :
« La vie de famille a si peu existé pour moi — car j’entrai à huit ans au collége — que j’en ai peu de souvenir. J’étais encore