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Page:Bera - Double Histoire - Histoire d un fait divers.djvu/71

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de mes larmes ; je lus bientôt : « Mou — ton, lé — zard, mi — net, » etc. Enfin, après un temps d’épreuves qui fut très-long pour les miens et pour moi, je sus lire, et presque aussitôt l’on m’assit à une table, sur une grande chaise, pour me donner ma première leçon d’écriture. Que d’encre je me mis aux doigts ! avant d’arriver à tracer des pleins fort grêles et des déliés-très-gros. « Après tout, dit mon père, on peut se passer d’être calligraphe, et pourvu qu’il fasse bien ses humanités… »

« Ce fut la première fois que j’entendis ce mot-là : humanités. Il devint bientôt pour moi synonyme de barbarie et de torture, et ce ne fut que longtemps après ma sortie du collége que je parvins, non sans peine, à lui restituer en moi son sens véritable. C’est en prononçant ce mot terrible que mon père me présenta un jour un étroit in-18, revêtu de carton, qu’il ouvrit en me disant : « Voici ta grammaire latine. C’est en étudiant ceci que tu deviendras un homme utile, et que